Une idée rapide a germé dans mon esprit ce soir.
C'est idiot, mais elle m'a bien fait rire.
PROMPTFandom : SG1
Catégorie : Humour
Rating : K
NdA : un peu OOC, mais c'est Halloween ou non?
C’était décidé. Ce soir, ou jamais. Il se devait de laver l’affront. Et cette nuit du 31 octobre — à la base, qui plus est — semblait tout indiqué pour assouvir sa vengeance.
Cette fois, c’est lui qui allait souffrir, et qui devrait supporter le regard des autres. Daniel se remémora son moment de grande solitude pendant la dernière mission, lorsque, sorti de l’étang dans lequel il était venu se laver — y rencontrant par le plus grand des hasards la jeune Lyrae avec laquelle il avait fortement sympathisé quelques heures plus tôt, au grand dam de Jack — il n’avait plus trouvé aucun de ses vêtements. Après avoir cherché de longues minutes dans les buissons environnants, évitant de se faire remarquer de Lyrae qui nageait quelques brasses, il avait dû se résoudre à rentrer au village en tenue d’Adam, cachant tant bien que mal ses bijoux de famille derrière un bouquet de feuilles et de branchages.
Mais ce soir, l’heure de la riposte avait sonné. Daniel avait tourné et retourné tous les scenarii dans sa tête : ça ne pouvait être que lui le coupable.
Œil pour œil, dent pour dent.
Ils seraient quitte.
Il glissa discrètement la clé dans la serrure de la chambre. Walter avait fait du bon boulot en lui procurant un double dans la journée.
L’obscurité était totale. Tant mieux. Il traversa la pièce à pas de loup, pour s’approcher du lit. Les conseils de Teal’c pour rester discret lors d’une traque s’avéraient également précieux.
Lorsqu’il s’estima suffisamment près de sa cible, il dégaina sa lampe de poche dont il éclaira son propre visage par en-dessous. Il tordit ses traits dans la plus horrible des grimaces. Ça lui était d’autant plus facile qu’il avait toujours en tête la cuisante honte qu’il l’avait assailli lors de son arrivée au village, sous les yeux de ses coéquipiers. Les plaisanteries provocatrices avaient fusé, et la suite de la mission s’était avérée un calvaire.
Le faisceau de la torche rendait son visage déformé encore plus cauchemardesque. Il était sûr de son effet.
Alors il la sortit délicatement de sa poche. La corne de brume.
Il la plaça à proximité de la tête de l’ennemi. Et l’actionna.
Felger se dressa en hurlant dans des notes aiguës dont on ne le savait pas capable, et se retrouva, dans la fraction de seconde qui suivit, affalé par terre à trois mètres de sa couche, appelant désespérément sa mère, ne portant pour seul vêtement de nuit qu’un vieux caleçon écossais.
Daniel jubilait.
De son rire le plus sardonique – Dieu sait qu’il s’était entraîné, dans la journée ! –, il s’approcha telle une harpie et lâcha un jouissif « La bourse ou la vie ! », pointant sur le pauvre scientifique le pistolet bubble-gum sciemment emprunté à Cassie.
D’un geste frénétique, Felger tentait d’écarter ce démon venu le harceler dans son sommeil, gémissant qu’il promettait d’arrêter de subtiliser les millefeuilles de la cantine et d’admirer le postérieur du major Carter dès qu’il en avait l’occasion.
« La bourse ou la vie ! » répéta Daniel, sans se laisser perturber par ce monologue instructif.
D’abord stupéfait et paniqué, puis essayant vainement d’analyser la situation maintenant que quelques neurones se connectaient, Jay Felger ne put articuler aucun son en réponse à la question.
C’est là que Daniel appuya sur la détente.
Un serpentin interminable de bubble-gum vint s’entortiller dans les cheveux, le visage, le torse, les bras. Plus Felger tentait d’écarter le fil, plus il s’y emmêlait, tel un insecte pris au piège de la toile.
Lorsque Daniel eut finalement pitié de son adversaire vaincu, il se fendit d’un « Joyeux Halloween, Felger ! On est quittes désormais ! » en l’aidant à se redresser. « Vous n’avez plus qu’à aller prendre une bonne douche pour faire partir tout ça… »
« On est quittes ?! Mais vous êtes un grand malade, Jackson ! Je savais que vos bouquins vous ramonaient le ciboulot, mais alors là, vous avez fait fort ! Et arrêtez de me menacer avec ce… truc ! J’irai me plaindre au Général à la première heure ! »
Furieux, Felger sortit en trombe de sa chambre pour entreprendre de nettoyer, sous l’eau chaude de la douche, la gomme qui lui collait cheveux et poils un peu partout sur le corps.
Les couloirs lui paraissaient étonnamment animés pour l’heure nocturne. Habituellement, à deux heures du matin, tout était calme. Pourtant, il ne cessait de croiser des gardes, des officiers, des scientifiques, Teal’c, Connor, Elliot, et même le major Carter, qui le regardaient d’un drôle d’air moqueur et satisfait. Il priait pour ne pas tomber sur Chloé lorsqu’elle fit irruption au coin du couloir des douches.
« Un problème, Jay ? » ironisa-t-elle, avant de s’éloigner en pouffant.
Daniel sortit triomphalement de la chambre de Felger. Il savourait sa victoire. Il acceptait volontiers les clins d’œil et tapes amicales sur l’épaule que lui envoyaient ceux qui avaient bien voulu le supporter et assister à la déconfiture du scientifique.
Alors que l’enthousiasme collectif se calmait et que les lumières des couloirs s’éteignaient progressivement, Daniel regagna sa chambre. Il tournait le dernier angle de couloir quand il tomba nez à nez avec Jack.
« Bien joué, Daniel. J’ai entendu dire que tu avais brillamment réussi ta mission ! » lança-t-il d’un ton solennel, une main posée sur l’épaule de l’archéologue. « Tu reçois ma reconnaissance éternelle pour cet acte de bravoure, mon ami. C’est une bonne leçon que tu lui as infligée là ! Merci ! »
Daniel ricana de satisfaction, et ils terminèrent ensemble les quelques mètres les séparant de leur chambre respective.
Quelques minutes après s’être mis au lit, soulagé, Daniel entendit frapper à sa porte. Ça ne pouvait pas être déjà Felger venu réclamer des explications, ou pire, lui mettre son poing dans la figure. Il devait encore être sous la douche pour un bon moment !
Intrigué, il se leva pour aller ouvrir.
La tête de Jack passa dans l’entrebâillement de la porte. Ainsi qu’un slip.
« Désolé de te déranger, Danny, mais j’avais oublié de te rendre ça, après la mission. Tu ne m’en veux pas trop, j’espère ? » conclut-il dans la précipitation, sourire enjôleur aux lèvres.
Mais il était déjà retourné s’enfermer à double tour dans sa chambre lorsque Daniel comprit la supercherie.